Maître Kong a dit : « 1 : Qui ne voit pas loin / 2 : tombera bientôt / 3 : dans l’embarras. » (ou encore « Celui dont la prévoyance ne s’étend pas loin / sera bientôt / dans l’embarras. ») [1]
1 : Voir loin se réfère à ce que l’on doit faire dans un futur proche ou lointain. Cela peut être demain et savoir préparer et anticiper sa journée, dans un an et être économe en cas d’ennuis ou dans une dizaine d’années pour s’assurer un toit et mettre à l’abri ses proches.
2 : Celui qui n’a pas de prévoyance constatera amèrement que la vie s’écoule comme un torrent. Les jours passent et nous échappent, une année s’achève en un clin d’œil. La dure réalité de la vie et des responsabilités se manifestent de façon diligente. Ainsi, celui qui n’a pas une vision à long terme croulera sous les tâches ingrates et ploiera sous le poids des obligations et finalement sombrera par manque de clairvoyance.
3 : Une fois face à l’action à entreprendre par manque de temps la gestion des tâches sera forcément médiocre. De cette médiocrité naîtra des choix de piètre qualité et enfin La gestion du temps est comme une stratégie guerrière. Chaque chose doit être scrupuleusement planifiée et le pire imaginé. Ce n’est pas une fois que l’action doit être entreprise et sous le joug de l’anxiété que l’on traitera efficacement un problème. C’est alors que le manque de vision à long terme se fera sentir. Empêtrés dans le besoin de réagir rapidement on multiplie les risques de s’égarer et de prendre les mauvaises décisions. Les chances grandissent d’amplifier le problème d’origine.
Comme un seigneur de guerre envoie des éclaireurs en avant pour évaluer les positions ennemies, il est fondamental que nous organisions nos lendemains. Prévoir c’est anticiper et s’organiser pour ne pas se retrouver dans une situation délicate.
Savoir s’organiser contribue à avoir un cadre sain et à savoir utiliser son temps de manière appropriée. Anticiper c’est imaginer toutes les éventualités (surtout les plus mauvaises) et s’y préparer. Lorsque l’on emploi son temps correctement, chaque chose est ordonnée. Planifier est aussi une façon de s’auto-régler car nous nous forçons à être concentrés dans un domaine particulier à un temps donné. De la sorte, on évite la procrastination et de laisser l’esprit virevolter dans des contrées obscures.
Concrètement, que peut-on faire ?
Ecrire est un bon début. Une fois les choses misent sur papier on peut mieux les préparer. Egalement, réfléchir à ce que l’on doit faire le lendemain est un bon exercice. Par exemple : demain je dois partir travailler, donc ce soir je préparer mes vêtements et mon déjeuner, ainsi je me réveillerai sans avoir l’embarras de tout préparer à la dernière minute. Un autre exemple à plus long terme avec les impôts : pour l’instant mes finances sont bonnes mais dans quelques mois je devrai beaucoup débourser. Plutôt que dilapider mes biens maintenant, je vais être économe pour ne pas être dans l’embarras lorsque je recevrai l’avis d’imposition.
Les exemples sont multiples : faire des études pour assurer son avenir, anticiper les désagréments de l’âge qui s’avance des parents, préparer des documents administratifs et s’affranchir des délais…
Là où le Maître voulait en venir est que l’on doit toujours avoir un coup d’avance sur l’avenir. N’ayons pas de regrets et ne nous surchargeons pas avec une inquiétude inutile : préparons nous et soyons en paix face aux tracas de la vie.
[1] 15 : 11 Entretiens (Lunyu) Trad.1 : Anne Cheng et Trad.2 : P. Séraphin Couvreur