Pour rappeler le contexte de rédaction des « Entretiens de Ruzi » je vous invite à relire l’introduction de ce projet. Bonne lecture !
1. Dans l’éducation, l’écoute est au moins aussi importante que l’exemple. La première discerne les lacunes et le fond de la pensée, la seconde donne la marche à suivre.
2. Le maître avait en horreur l’humiliation comme méthode de répression ou d’apprentissage. Il disait à ce propos : « Rien de plus efficace pour transmettre un message erroné et stimuler un tempérament violent. »
3. Un élève du maître prenait régulièrement la parole pour la monopoliser. Un jour le maître le laissa s’exprimer et s’assit aux côtés de ses disciples. Puis, il demanda : « Mon fils, préfères-tu gérer une principauté de 1000 chars ou être potier ? » Sans hésitation le disciple concerné choisit la première option. Le maître rétorqua alors : « Je ne suis pas étonné. »
4. De jeunes disciples allèrent demander à un ancien élève du maître la signification de cet échange. Il spécula : « Connaissant le maître, il devait sûrement sous-entendre que ce jeune homme est suffisamment arrogant pour croire être en mesure de diriger une grande principauté. Que cet élève réponde aussi rapidement et avec une telle assurance en dit beaucoup sur l’estime qu’il a de lui même. »
5. Les bavards appartiennent à une espèce très curieuse qui se croit suffisamment importante pour accaparer la foule avec son discours. Si l’on ne sait pas écouter, comment saurait-on parler correctement ?
6. Regardez comment un peuple traite les morts et vous comprendrez par empirisme comment il peut traiter les vivants.
7. Des membres d’une tribu voisine présents dans la ville se faisaient remarquer. Le maître réagit : « Quelle attitude vulgaire ! La moindre des choses lorsque l’on est invité est de se faire discret. C’est le minimum requis à l’égard de l’hôte afin de témoigner sa reconnaissance. »
8. – Selon vous Maître, quels sont les arts à maîtriser ?
– Ceux qui entretiennent les principaux centres d’activité de l’être humain. Son intelligence, sa spiritualité et sa force physique. Le premier s’entretient par l’étude, le deuxième par la vie religieuse, et le dernier par l’exercice physique.
– Si un seul devait être conservé, lequel choisiriez-vous ?
– Probablement la spiritualité. Elle donne les qualités essentielles pour forger l’Homme Vertueux. C’est aussi la seule qui prise à part ne risque pas de dégénérer en arrogance et peut se conserver durant la vieillesse.
– Est-ce possible d’améliorer les trois ?
– Difficilement, mais c’est le but à atteindre. C’est cela le modèle de vertu complet.
9. Le Maître réservait toujours un temps pour l’oisiveté. Certains disciples rapportent qu’il disait : « Il est nécessaire de laisser les chevaux se reposer de peur qu’ils ne tombent d’épuisement. » d’autres qu’il aimait dire : « Le vent ne souffle pas constamment. »
10. Pendant la jeunesse, la fougue. Avec l’âge, le discernement.
11. Il arrive que certains défauts sont tellement insupportables qu’ils nous en font presque apprécier les autres !
12.- Selon vous Maître, qu’est ce qui est le plus difficile pour un homme ?
– Peut-être de contenir son esprit de la concupiscence et de la colère ?
– Et d’une femme ?
– N’étant pas une femme, il est délicat pour moi de te répondre. Peut-être de passer outre le besoin de prouver ses capacités ? Consulte ta mère, ton épouse et ta fille pour avoir une réponse plus claire.
13. Il est fondamental, si l’on souhaite achever un travail, de se concentrer sur un seul point. Arrivez-vous à lire les Classiques et à tirer à l’arc en même temps ? Ou bien la lecture n’imprègne pas l’intellect, ou bien vous manquez la cible. Si l’on veut faire correctement, il est préférable de faire une seule tâche à la fois. Ainsi, le corps et l’âme sont unifiés pour accomplir.
14. Un cœur divisé ne peut apporter l’harmonie. Ainsi naissent les perturbations intérieures et extérieures. Qui a déjà vu un char avancer droit si un cheval veut aller à gauche et l’autre à droite ?
15. Pourquoi le sage resterait-il cloîtré chez lui ? Tant d’efforts pour s’améliorer, être satisfait de lui-même et ne pas le mettre à profit ? Partager son savoir avec ses amis est le moins que l’on puisse faire dans ce cas.
16. Un disciple du Maître était régulièrement raillé. Le Maître demanda à un ancien disciple : « – Sais tu pourquoi certains de mes fils se moquent-ils d’un de leur camarade ?
– Maître, je crois que c’est l’absence de répondant de votre jeune fils qui provoque cela.
– Dis m’en plus, je te prie.
– Ce jeune homme est plutôt arrangeant et s’efface au profit des autres. Il est également prêt à servir ses collègues d’étude. J’ai le sentiment que c’est une personne assez faible et qu’il est traité comme tel par conséquent.
– Tu es dans l’erreur. Si l’époque n’était pas dégénérée la franche gentillesse ne serait pas abusée mais admirée. Ce que tu décris comme de la faiblesse, je le considère comme un talent naturel.
– Veuillez excuser mon manque de discernement.
– Ce n’est rien, les apparences nous dupent régulièrement. »
17. C’est une grave erreur de confondre autorité et rigidité. Un chef n’a pas besoin d’être dur pour se faire respecter. Un comportement exemplaire, du volontarisme et de l’écoute seront ses meilleurs atouts.
18. Il est parfois nécessaire de faire un compromis pour une grande cause. Cependant, l’intégrité doit rester la mesure.
19. Hormis avec ses amis d’enfance, le Maître rigolait peu. Un disciple dit que le Maître lui avait confié : « Évoquer des souvenirs avec un ancien compagnon adoucit l’humeur. »
20. L’homme noble est une sorte d’alchimiste de la vertu. De la pauvreté il extrait la patience et l’humilité, de la richesse la générosité et la bienveillance. L’homme de peu est une sorte d’alchimiste du vice. De la pauvreté il extrait la mesquinerie et la jalousie, de la richesse l’arrogance et la tyrannie.
Un vrai régal à lire, ces entretiens ont trouvé écho en moi.
De saines lignes de conduite à respecter, un bon sens qui fait malheureusement cruellement défaut aux générations actuelles…
Sincère salutations et tout mon soutien dans cette initiative de votre part.
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Cher Flavius,
Merci pour votre message très encourageant et d’avoir pris la peine de visiter mon site. Je suis heureux de savoir que mon projet « Les Entretiens de Ruzi » vous semble pertinent ! Je profite de ma réponse pour vous souhaiter une excellente année 2020.
Encore merci pour votre soutien, c’est pour moi une réelle source de motivation.
L’apprenti Confucéen
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