Les Entretiens de Ruzi – Chapitre 12

Pour rappeler le contexte de rédaction des « Entretiens de Ruzi » je vous invite à relire l’introduction de ce projet. Bonne lecture !

1. Les années passent et le cœur se noircit par l’amertume des échecs et des déceptions. L’Homme de bien souhaite garder le cœur pur de son enfance, la bienveillance à portée de main. L’Homme de peu, lui, par manque de discernement et d’humilité laisse son cœur se ternir avec le temps.

2. – Maître, avez-vous une seule recommandation qui fédère toutes les qualités de l’Homme de bien Confucéen ?
Après un instant de réflexion le Maître répondit :
– Je dirais l’humilité. Lorsqu’elle est inculquée par les rites religieux et qu’elle est authentique elle permet d’être constant et calme. C’est aussi un bouclier contre les adversités de la vie. Ainsi, l’humilité rend la vie douce et satisfaisante. Un Homme de bien insatisfait de la vie peut-il être bienveillant ?

3. Être en bons termes avec ses parents et ses beaux-parents, voilà une bénédiction pour la famille !

4. Sachez parler des problèmes comme des réussites équitablement. Parler des premiers dissipe les rancœurs, parler des seconds encourage. Ne se concentrer que sur les premiers nourrit la colère, ne se concentrer que sur les seconds nourrit l’orgueil.

5. Lorsqu’une personne venait demander à devenir disciple du Maître il fermait les yeux lors du premier entretien. Un disciple demanda au Maître la raison pour laquelle il fermait les yeux, il dit : « Je ne souhaite pas être influencé par l’apparence lors de la première entrevue. »

6. Lors d’un voyage avec ses trois plus proches disciples, le Maître avait préparé un feu et les disciples avaient ramené de quoi dîner. Une fois repus, le Maître interrogea ses disciples :
« – Mes enfants, si vous aviez à choisir une vie idéale, que choisiriez-vous ?
– Me concernant je souhaiterais être un souverain éclairé, qui mène ses sujets vers la vertu et en essayant de les satisfaire matériellement.
– Moi, je souhaiterais être l’enseignant principal des rites à l’académie impérial. De la sorte, je pourrais étudier et transmettre chaque jour. Puis, a la retraite, je me reposerai et je jardinerai. »
Le dernier disciple pris le temps de répondre et dit :
« – Je crois que j’aimerai me retirer dans les montagnes avec ma famille pour me cultiver et prendre soin de mes proches. Et vous Maître ?
– Je crois que je ne changerais rien à la vie que je mène. J’ai la chance d’avoir des disciples intelligents, je peux enseigner en paix et je voyage. Oui, je ne changerais rien. Le Ciel a été généreux avec moi.
– Qu’avez-vous pensé de nos réponses ?
– Restez toujours humbles face à la volonté du Ciel, sinon vos vies deviendront un véritable calvaire. Gardez en mémoire ce que nous venons d’entendre : chacun a des désirs et des visions différentes. Ce qui importe est de comprendre que nous sommes différents et que nous devons vivre harmonieusement. »

7. Dans vos projets et dans la Voie Confucéenne, concentrez vous sur l’essentiel. Le manque de courtoisie des uns, le manque de reconnaissance des autres ne doivent pas vous arrêter. La Voie est et doit toujours rester votre principal sujet de préoccupation.

8. La sagesse se partage, sinon elle n’est qu’égoïsme.

9. Pour diriger, il y a une différence entre être diligent et être agressif. Le premier assure la clarté et la fiabilité, le second la peur et l’échec.

10. – Maître, quelle est l’origine de la vertu ?
– Le Ciel donne le Mandat Céleste. C’est à dire qu’il accepte un comportement et des actes conformes à son principe et facilite notre avancée dans la vie. Nous savons que nos comportements et nos actes sont vertueux lorsque nous sommes en paix. Si nous sommes en paix c’est que le Ciel accueille notre comportement. Par conséquent, la vertu vient du Ciel. Ainsi, nous sommes en paix lorsque nous pratiquons la vertu. En effet, nous sommes la progéniture du Ciel, et en pratiquant la vertu nous sommes conformes à notre nature originelle qui vient du Ciel. Une vertu qui n’est pas imprégnée du Ciel n’est pas une vertu.
– Et que dire du vice ?
– Le contraire, ce qui est rejeté par le Ciel.
– Plus précisément ?
– La discorde, l’arrogance, l’indécence, l’avidité… Ces éléments trouvent leur origine dans leurs oppositions au Ciel. C’est pour cela qu’ils génèrent la disharmonie dans le cœur et entre les personnes. En effet, ils ne sont pas conformes au Ciel et à sa Voie.

11. Nous sommes devenus des Hommes lorsque nous avons accepté la Voie du Ciel et dédaigné l’animosité.

12. Seul un esprit élargi peut étudier une doctrine hostile à la sienne sans ressentir de la colère.

13. Le Maître était exigeant mais compréhensif, ferme mais à l’écoute.

14. Le Maître aimait taquiner ceux qui répondaient systématiquement le contraire de ce qu’il disait. Pour cela, il disait sciemment l’inverse de ce qu’il pensait pour entendre son interlocuteur dire ce qu’il souhaitait. Certains disciples rapportent qu’il aurait dit : « Avec ces personnes qui veulent toujours avoir raison en apportant la contradiction, n’hésitez pas à les surprendre avec des phrases qui n’ont pas de sens ou qui vont à l’encontre de votre réflexion. Alors vous pouvez observer jusqu’où la bêtise de votre interlocuteur peut aller. »

15. Polissez la forme seulement lorsque le fond est consistant.

16. Il n y a que deux catégories de personnes qui ne commettent jamais d’erreurs : les très sages et les très bêtes.

17. – Maître, vous arrive-t-il de douter ?
– Très souvent cher ami. Il m’arrive même de me sentir comme perdu en plein milieu d’un désert. De chercher un sens à tout, à la vie. Puis, je me souviens que parfois nous ne pouvons pas tout expliquer. Je laisse alors mon esprit se faire emporter par le vent avec légèreté.

18. Le vulgaire aime souligner les erreurs des autres en public. L’Homme de bien les souligne en privé.

19. Les Hommes du peuple, bien que rustres, ont un bon sens naturel que l’Homme raffiné n’a pas. Cela vient du fait que l’Homme du peuple n’a pas de temps à perdre pour mener sa vie. Il doit par conséquent être pragmatique. L’Homme raffiné, lui, a le luxe du temps et du confort mais n’a pas le bon sens de l’Homme commun.

20. – Maître, si vous deveniez prince, quel est la première chose que vous feriez ?
– Je chercherais d’abord à m’entourer d’Hommes vertueux et exemplaires. Puis, j’entamerais une transformation des mœurs afin de réorienter correctement l’ensemble de la principauté. Une fois ces changements de fond effectués, au moins en partie, les autres activités seront améliorées, supprimées ou maintenues selon les nécessités de la population et conformément à la Voie Confucéenne.

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