Pour rappeler le contexte de rédaction des « Entretiens de Ruzi » je vous invite à relire l’introduction de ce projet. Bonne lecture !
1. Un gouvernement inique ne s’entoure que de collaborateurs consensuels.
2. Il est parfois préférable de taire certaines vérités afin d’éviter de blesser la vertu. Surtout si ces vérités ne sont pas cruciales.
3. L’Homme de bien est partial uniquement avec ses parents. En effet, la piété filiale recommande un peu de laxisme. Ainsi, il lui arrive d’accepter certaines choses qu’il ne tolérerait aucunement de quelqu’un d’autre. Cependant, il n’est pas pour autant idiot, et il sera un astucieux conseiller.
4. Les relations avec vos proches sont comme un potager. Il faut s’en occuper régulièrement. Certains légumes demandent beaucoup d’attention, d’autres moins. Mais tous requièrent un minimum de temps pour être sains.
5. Un jugement hâtif est souvent corrigé après coup par les événements.
6. Les idiots sont frappés d’un autre mal : la surdité. Ils sont constamment convaincus de dire vrai et sont sourds à ce qui va contre leurs idées.
7. Plus je cherche à me soumettre à la volonté du Ciel et à obtenir le Petit Mandat Céleste (voir Chapitre 11, verset 10) pour ma personne, plus je m’aperçois que je suis loin de l’obtenir. Plus je cherche, plus je découvre l’étendue de mes faiblesses et de mon ignorance.
8. Le Maître recommandait d’éviter la poésie romantique et le théâtre féminin à ses disciples. Il considérait que ces activités stimulaient la luxure et pouvaient pervertir l’esprit des jeunes étudiants.
9. Ceux qui tournent en dérision les rites religieux et la bienséance sont les fossoyeurs de l’harmonie sociale et des mœurs des générations futures.
10. – Maître, je suis face à un dilemme. Nous regrettons les ennuis car ils causent de l’anxiété. Cependant, l’Homme de bien sait en tirer profit pour sa culture et son élévation. Grâce à eux, l’Homme de bien franchit des paliers et bondit vers l’excellence. Mais en parallèle, l’Homme de bien souhaite tout mettre en œuvre afin d’éviter que son prochain rencontre des soucis en faisant la promotion des vertus et des rites. En effet, ce sont des moyens de régler la vie des Hommes et d’établir l’harmonie Confucéenne. N y a t il pas un paradoxe ?
– Ô combien tu es élevé en intelligence. Cependant, tu oublies deux points importants. D’abord, l’Homme de bien, riche en compassion, ne souhaite pas que son prochain rencontre les mêmes tourments que lui car il en connaît la douleur. Ensuite, souviens toi que l’Homme de bien souhaite le meilleur, mais avec lucidité. Les rites et la vertu permettent de créer les conditions optimales pour l’élévation et la sublimation de la nature humaine. Cependant, même avec cela, il est impossible de pousser l’Homme jusque dans la perfection au point qu’il ne connaîtra que la joie et la paix. Les rites et la vertu permettent d’éviter au maximum les inquiétudes mais ils ne peuvent changer intégralement la nature humaine et son lot de malheurs. L’Homme de bien fait tout ce qui est en son possible pour sublimer la vie. Mais il ne peut contrôler la nature des Hommes et la volonté du Ciel.
– Qu’est ce qui est préférable ? Une mauvaise expérience ou l’éducation pour surmonter les épreuves ?
– La question ne serait-elle pas plutôt : est ce qu’en l’absence d’éducation il est possible de surmonter une épreuve de la vie intelligemment ?
11. Lorsque vous êtes à la tête d’un ouvrage, entourez vous en priorité de personnes de confiance. Il est préférable d’avoir un collaborateur fiable mais peu compétent, qu’un collaborateur perverti et compétent. Le premier permettra de faire grandir le projet lentement mais sûrement, le second de faire grandir le projet rapidement mais l’issue est incertaine.
12. Les droits et les devoirs doivent être inculqués ensemble. Trop de droits rendent la nation capricieuse et dissipée. Trop de devoirs rendent la nation rebelle. Uniquement une harmonie des deux donne la paix et écarte la barbarie du peuple.
13. – Maître, préférez-vous un Homme talentueux mais indiscipliné ou un Homme banal mais discipliné ?
– Je n’hésite pas un instant : l’Homme banal mais discipliné. Certes, il n’accomplira des exploits qu’après de multiples efforts mais il sera fiable. L’Homme talentueux mais indiscipliné accomplit des exploits mais on ne sait ni où, ni quand. Quoi de plus frustrant que de travailler avec des individus géniaux mais qui ne savent pas faire preuve de fiabilité ?
– Et que dire d’un Homme naturellement talentueux et discipliné ?
– Ils sont tellement rares que lorsque vous en trouvez un, vous ne devez pas le lâcher ! D’après les propos et l’affection que Confucius lui portait, on peut considérer que Yan Hui était un disciple de cette sorte.
14. Certains manient si habilement les phrases qu’ils savent dissimuler les choix et les options. Ils présentent d’une telle façon les événements qu’on ne voit que d’infimes éventualités. Ce qui importe c’est de s’extraire du mécanisme qui nous est imposé, et de voir l’ensemble avec une vision nouvelle.
15. Plus j’étudie, plus je réalise mes maigres connaissances. Plus je veux être humble, plus je me rends compte que je suis orgueilleux. Plus je veux atteindre l’union avec le Ciel, plus je m’en éloigne.
16. Le Ciel montre la Voie Royale : simplicité, adaptabilité et silence. La Voie Confucéenne consiste à s’y conformer et à étudier les meilleurs moyens d’y parvenir.
17. – Maître, que retenez vous des enseignements de l’école des taoïstes ?
– Il enseignent un principe fondamental qui est celui de ne pas avoir l’esprit embrumé par les passions mais de laisser place au vide et à la clarté. Cette notion est importante pour progresser dans l’étude de la vertu et pour être en paix avec soi-même. De plus, ce principe se superpose avec les recommandations rituelles afin d’avoir l’esprit plein d’intentions pures et sincères. En ce qui concerne le retrait du monde comme vision sociale, bien que je conçoive que cela est tentant, je suis en désaccord absolu.
18. Un ami du Maître le questionna à propos de ses étudiants. Il dit :
« – Mon vieil ami, lequel de tes fils est le meilleur ?
– En rapport à quoi ?
– En tout point.
– Il n y en a pas. Sache que la comparaison est un moyen imparfait de discuter. En effet, les attributs sont le lot de la nature et ils varient selon chaque individu. Si l’un à une faiblesse au pied, il aura une force dans le bras. Tandis que celui qui a une faiblesse dans le bras aura une force dans la jambe. Pour comprendre un phénomène objectivement, il est nécessaire de l’observer dans son intégralité. Certains de mes enfants sont très studieux, mais arrogants. D’autres sont dissipés, mais humbles. Si tu souhaites que je te recommande un élève, désigne moi d’abord une tâche précise. Ils sont tous différents, et par conséquent ont tous des singularités en termes de compétences. »
19. Les fautes du passé ne condamnent personne à ne pouvoir s’améliorer et à changer. Les fautes des parents ne doivent pas peser sur les enfants. Le plus grand mal est de commettre une faute, en avoir conscience et ne pas essayer de l’éviter à l’avenir en se réformant.
20. La vérité est comme un diamant : sa beauté se contemple sous plusieurs angles.